Le Cirque. Quel merveilleux endroit. Des animaux, des clowns, des gens qui savent faire des choses extraordinaires. C'est en ce lieu que les enfants apprennent qu'ils ne sont pas seuls à rêver. Ici, ils peuvent voir les étoiles de tellement près que leurs images restent longtemps dans leurs yeux émerveillés. La magie du Cirque fait espérer leurs parents. Ils se disent que peut être, il reste encore un peu de beau en ce monde où les guerres dévastent les peuples et divisent les nations. Le Cirque est synonyme de vie et d'espoir dans l'esprit de tous. Mais lorsqu'il n'y a plus âme qui y vive, cet endroit devient l'un des plus hostiles qui soit. Quand le Cirque meurt, c'est tout cet espoir qui s'en va avec lui. Les grandes toiles des chapiteaux claquent sous le vent comme pour montrer qu'elles, au moins, sont encore là malgré les aléas de la vie et le temps qui passe. Souvent les poteaux de bois qui les maintiennent encore debout craquent de façon sinistre. Ils essayent peut-être de dire qu'ils ne tiendront plus longtemps et que bientôt, ils tomberont comme le reste avant eux. Les seuls êtres capables de vivre en ces lieux, vides de tout, sont quelques corbeaux et parfois des rats d'égouts qui sont remontés pour sentir que l'air y est peut être un peu plus agréable. Ils ont pris la place des grands chevaux blancs et des créatures mystiques qui sont depuis longtemps partis avec leur propriétaire et qui ont emmené avec eux toute la grandeur du Cirque. Il y reste encore quelques traces d'une histoire joyeuse et enchanteresse. Une poupée sale traîne par terre, en proie à toutes les intempéries. Mais elle aussi a été abandonnée par sa propriétaire. La joie qui l'accompagnait l'a quittée depuis le jour où la première couche de poussière s'est déposée sur ses yeux vitreux. Le vent souffle ici. Plus fort qu'ailleurs. Comme si une puissance quelconque essayait de faire fuir le malheur et le désespoir. Mais cela ne fait que renforcer l'ambiance lourde qui règne tout autour. Lorsque l'air passe entre les sièges de l'ancienne grande roue, un sifflement, à faire froid dans le dos, retenti dans l'air. Il montre toute l'horreur qui habite les lieux. Il représente le vide qui en fait désormais partie intégrante. Le Cirque est devenu Cirque Désaffecté.

La fête foraine passe dans le village trois fois par an, à des dates bien précises, à savoir en plein milieu de la saison de printemps, de celle d'automne et de celle d'hiver. Elle reste pour une durée de deux semaines, puis s'en retourne à ses activités dans les autres villes et villages.