Emmené au loin de sa vengeance la veille au soir par une charmante rencontre, Noa s’était réveillée, bien décidée à reprendre ses recherches. Otsu n’était pas si grand que ça, elle n’aurait donc pas trop de mal à repérer sa cible.
L’ennui était qu’elle n’avait aucune idée de ce à quoi il ressemblait. Son frère, Heero, ne lui avait jamais parlé de lui et rien dans ses affaires n’avait pu l’éclairer. Elle espérait donc que son odeur d’élémentaire lui permettrait de le repérer assez facilement. Elle ne se faisait pas trop de soucis pour cela. La veille, au bar, elle avait immédiatement identifié le barman comme étant un élémentaire du vent, alors un du feu... Ce devrait être d’une facilité déconcertante.
Enfin... c’était ce qu’elle s’était dit en sortant de l’hôtel.
Là... Elle commençait sérieusement à se poser des questions. Est-ce que cette ville était aussi petite qu’elle en avait l’air ?
Noa avait l’impression de tourner en rond depuis des heures et elle ne reconnaissait pas l’endroit où elle se trouvait. Elle était parfaitement sûr de ne pas être encore passé par là et pourtant elle marchait depuis deux bonnes heures déjà !!

- C’est malin ça !! râla-t-elle contre elle-même. Je suis perdue !!

Elle continua jusqu’au bout de la rue où elle était puis tourna à droite, puis à gauche mais elle dut se rendre à l’évidence : elle ne savait où elle était !!
Et évidemment, il n’y avait personne aux alentours !
Volontaire et loin d’être abattu, elle continua son chemin encore une bonne dizaine de minutes avant de s’avouer vaincu. Elle avisa une fontaine sur une petite place coincée entre deux maisons et s’y assit.

- Si je ne bouges pas, quelqu’un finira bien par passer, s’encouragea-t-elle en plongeant la main dans l’eau fraîche.

La salamandre n’était pas une grande fan de l’eau mais celle-ci était fraîche et en cette belle journée ensoleillée, elle trouva cela vraiment agréable.
Brusquement des pas se firent entendre. Elle se redressa et attendit patiemment que le passant arrive à sa hauteur.

Alors que Bi-rak malmenait ses pieds en marchant depuis maintenant plus de deux heures, Il commençait à s'impatienter un peu :

*Mais OU se trouve cette satanée Mairie ?!* Se répéta-t-il encore.

*C'est pourtant le chemin que m'a indiqué Maxwell... Il se serait pas fichu de moi au moins ?*

Bi-rak progressa ainsi jusqu'à atteindre une série de petites ruelles : Il les emprunta de long en large jusqu'à tomber sur une petite place qui lui sembla très sympathique, une fontaine !

Il fonça vers le cadeau du ciel qu'il avait sous les yeux... Avant de s'arrêter net lorsqu'il la vit :

Une femme au physique assez inhabituel (Bi-rak sourit légèrement, venant de lui ce genre de remarque était tout à fait stupide), elle était minuscule, avec des teintes de peau, d'yeux et de cheveux très peu courants pour une humaine...

Il s'approcha doucement, il semblait que la femme ne l'avait pas encore vu : Il l'interpella :

-"Euh... Bonjour ?"

Noa leva les yeux sur la charmante personne qui venait d’apparaître devant elle et qui serait, avec un peu de chance, son sauveur.
A première vue, la charmante apparition était une toute jeune femme mais Noa eut tôt fait de s’apercevoir de son erreur. C’était en fait un jeune homme qui devait à peine être majeur. Quant à savoir s’il était humain ou non, elle se contenta d’inspirer un peu plus fort, histoire de capter le parfum de l’inconnu.
Et son odeur confirma qu’il s’agissait là d’un jeune humain, en parfaite santé de surcroît.
La salamandre se leva alors, épousta rapidement son jean, pour accueillir son possible sauveur.

- Bonjour à vous aussi, jeune homme, lui dit-elle poliment.

Noa s’avança un peu vers lui. Au moins, malgré son allure très efféminé était-il toujours plus grand qu’elle.
Soudain une autre odeur se superposa à celle du jeune homme. Elle était faible, très faible mais elle était là : celle d’un non-humain, celle d’un élémentaire de feu. Ses yeux se mirent à briller immédiatement et pour cacher son excitation à cet inconnu, elle se força à sourire doucement.

- Puis-je vous être d’une quelconque aide ? Demanda-t-elle alors, histoire d’engager la conversation.

Il fallait à tout prix qu’elle le retienne pour savoir à qui appartenait cette légère odeur qui flottait autour de l’humain.

Bi-rak tiqua : Ce n'était pas courant que les gens l'appellent "jeune homme" dès la première rencontre...

Il ne comprenait pas trop comment agissait cette femme, elle avait l'air de... le sentir ?

Il décida de faire comme si de rien n'était et il lui répondit :

-"En fait je cherche la mairie, mais bon je crois que je me suis perdu... Ca fait un moment que je cavale partout alors j'ai voulu me reposer un peu." expliqua-t-il

puis il jeta un oeil à l'endroit ou ils se trouvaient : une fontaine un peu éloignée, au milieu d'une place... C'était un peu trop romantique pour que la jeune femme soit la par hasard tout de même ! Il lui demanda :

-"Vous aviez l'air d'attendre quelqu'un, je suis de trop peut-être non ?" dit-il, un peu gêné... Avant de remarquer l'intensité du regard de l'inconnue,

Elle semblait très concentrée, malgré son sourire, on voyait bien qu'elle essayait de déceler quelque chose, comme si elle tentait de l'analyser sans qu'il s'en rende compte.

*Ca doit être mon imagination, on vient tout juste de se rencontrer, elle ferait pas un truc pareil à un inconnu quand même*

Quoique... Après tout, Bi-rak ne la connaissait pas, peut-être n'était-il pas si paranoïaque après tout.

L’enfant se méfiait, remarqua Noa. Qui ne le serait pas face à une inconnue qui, de surcroît, ne paraissait pas tout à fait humaine. Peut-être avait-il remarqué sa façon d’identifier sa race ? Elle était généralement très discrète, ou alors l’enfant était particulièrement observateur.
Aussi, pour le calmer un peu, décida-t-elle d’être franche avec lui.

- Veuillez-excuser mes manières, jeune homme. Je respirais effectivement votre odeur pour savoir si vous êtiez ou non humain. J’ai donc le plaisir de vous annoncer que vous l’êtes, sourit-elle alors franchement.

Décidément, elle avait plus souri depuis qu’elle était arrivée ici que durant les dix dernières années. Elle fit alors un geste de la main vers la fontaine pour inviter le jeune homme à s’en approcher.

- Et ne vous en faîtes pas, je n’attendais personne, reprit-elle. En fait, je suis toute aussi perdue que vous.

Elle retourna s’asseoir sur les marches de la fontaine.

- Puis-je vous demander ce que vous cherchiez avant de vous perdre dans le dédale de ces ruelles tortueuses ?

Noa plongea de nouveau la main dans l’eau clair en attendant que le jeune homme décide si oui ou non il lui tiendrait compagnie.

*Ah c'était donc ça* pensa Bi-ra après les explications de l'inconnue.

Elle semblait être quelqu'un de joyeuse, elle souriait sans arrêt depuis qu'il lui avait parlé, Bi-rak, rassuré par les explications, commençait à se dire qu'il avait peut-être quelqu'un de bien en face de lui finalement.

Elle lui expliqua qu'elle était elle aussi perdue, Bi-rak acquiesça : Il était effectivement très simple de se perdre ici ! Il était un peu rassuré de voir qu'il n'avait pas à partir, ses pieds lui faisaient mal.

Il prit donc place près de la jeune(?) femme tout en répondant à sa dernière question :

-"En fait, je cherche la mairie, on m'a dit que là-bas je pourrai trouver de qui me loger et peut-être même un travail, mais il semblerait que la direction que l'on m'a indiqué était fausse... Ou alors je me suis encore perdu."

Bi-rak eut une pensée pour Maxwell, probablement en train de s’occuper de son fichu dôjo...
*Bah, qu'est-ce qu'on s'en fiche de lui ? Et pourquoi je pense à lui d'ailleurs ?"

Il se ressaisit et s'adressa de nouveau à l'inconnue :

-"Mon nom est Bi-rak, si ce n'est pas trop demander, voudriez-vous me dire le votre ?"

Noa regarda le jeune homme s’asseoir à ses côtés, visiblement rassuré par ses explications. Elle en profita pour observer son visage avec plus d’attention. Il est mignon cet enfant malgré ses traits trop fins. Il lui donnait l’impression d’être un bébé qui avait grandi trop vite, ratant sans le savoir l’âge de l'adolescence. Cela avait son charme...
Elle avait rencontré une fois un homme dans son genre. Il avait beau avoir près de 50 ans, il avait toujours une bouille d’enfant. Cela avait été déconcertant aux premiers abords puis, après qu’il lui ait conté son histoire, elle l’avait plaint. Elle espérait vraiment pour cet enfant qu’il perdrait bientôt ce visage si féminin pour des traits plus virils... Quoique... A l’époque où nous vivons... Cela n’était peut-être plus si dérangeant que cela. Il n’avait pas l’air si malheureux d’ailleurs.

- En fait, je cherche la mairie, on m'a dit que là-bas je pourrai trouver de qui me loger et peut-être même un travail, mais il semblerait que la direction que l'on m'a indiqué était fausse... Ou alors je me suis encore perdu.

Noa pencha légèrement la tête sur le côté.

- La mairie vous dîtes ? - elle posa un doigt sur sa lèvre inférieure avant que ses yeux ne s’éclairent. - Ah oui !! Le grand bâtiment sur la place !! Je suis passée devant tout à l’heure. Mais je serais bien incapable de vous dire où elle est par rapport où nous sommes.

Le jeune homme resta muet, inquiétant Noa jusqu’à ce qu’elle voit son regard légèrement perdu. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas du l’entendre. Elle allait lui poser une main sur l’épaule quand il se ressaisit et s’adressa de nouveau à elle :

- Mon nom est Bi-rak, si ce n'est pas trop demander, voudriez-vous me dire le votre ?
- Oh oui, bien sûr ! Je manque de savoir vivre ! Je m’appelle Noa Lowe, je suis en vacances ici pour quelques temps.

Que les dieux lui pardonnent ce petit mensonge mais elle ne pouvait décemment pas avouer qu’elle était là pour tuer un homme, n’est-ce pas ?

- "Bon, et bien je vais continuer mon chemin, j'espère trouver ce bâtiment au plus vite !" Il la salua d'un geste de la main avant de se lever et de commencer à partir.

Noa regarda le jeune homme partir sans bouger puis, d'un bon, elle courut le rejoindre.

- Me permettez-vous de vous accompagner? A deux, nous aurions certainement plus de chance de retrouver notre chemin, demanda-t-elle d'une voix douce.

Retrouver son chemin avait peu d'importance pour l'instant. Ce qui intéressait Noa était de découvrir quels types d'échoppes recelait Otsu. Il était vrai que jusque là elle n'avait vu que des établissements typiquement humains. Il n'y avait même pas un herboriste! Ou peut-être ne l'avait-elle pas encore trouvé... Et elle en aurait besoin!

Après avoir déambulé durant presque une heure, Noa trouva l'échoppe qui l'intéressait! Elle salua sa compagne d'infortune et s'y engouffra.